PROCHE-ORIENT – La tension ne redescend pas. Israël et l’Iran ont échangé de nouvelles frappes ce mardi 17 juin, au cinquième jour de l’escalade militaire entre les deux pays ennemis, au moment où le président américain Donald Trump quittait précipitamment le G7 après avoir conseillé aux habitants de Téhéran d’évacuer « immédiatement ».

Des explosions ont retenti mardi matin à Tel-Aviv et Jérusalem après des tirs de missiles depuis l’Iran, a annoncé l’armée israélienne. Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d’obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais ne faisant pas de blessés.

L’Iran a, en parallèle, affirmé ce mardi matin avoir détruit dans la nuit des « cibles stratégiques » en Israël à l’aide de drones. « Divers types de drones destructeurs, dotés de capacités de destruction et de ciblage précis, ont détruit des positions stratégiques du régime sioniste à Tel-Aviv et Haïfa », dans le nord d’Israël, a déclaré le général Kioumars Heidari, commandant des forces terrestres de l’armée, cité par la télévision d’État.

Plus tard dans la matinée, les Gardiens de la Révolution ont affirmé avoir notamment ciblé un centre du Mossad. Les Gardiens « ont frappé le centre du renseignement militaire de l’armée du régime sioniste, Aman, et le centre de planification des opérations terroristes du régime sioniste, le Mossad, à Tel-Aviv. Ce centre est actuellement en feu », ont-ils déclaré dans un communiqué lu à la télévision d’État.

De son côté, l’armée israélienne a déclaré mardi matin avoir tué le plus haut gradé de l’armée iranienne, Ali Shadmani dans une frappe nocturne, le présentant comme la personnalité la plus proche du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. À la suite d’une « soudaine opportunité au cours de la nuit, l’armée de l’air israélienne a frappé un centre de commandement au cœur de Téhéran et a éliminé Ali Shadmani (…) le commandant militaire le plus haut gradé et la figure la plus proche du guide suprême iranien Ali Khamenei », a affirmé l’armée.

Changer « la face du moyen orient »

Téhéran a promis de bombarder Israël « aussi longtemps qu’il le faudra » pour mettre fin à l’attaque israélienne sans précédent menée depuis le 13 juin avec l’objectif affiché de l’empêcher de se doter de la bombe atomique.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a quant à lui affirmé changer « la face du Moyen-Orient » avec cette attaque aérienne qui a visé des centaines de sites militaires et nucléaires, tué plusieurs des hauts gradés et bombardé le siège de la télévision d’État iranienne. Des civils ont aussi été tués dans les deux pays par ces frappes qui ont visé des zones urbaines.

Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les représailles iraniennes ont fait au moins 24 morts depuis vendredi en Israël. En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d’un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. La télévision d’État iranienne a en outre fait état mardi de trois morts lors de frappes israéliennes la veille sur son siège à Téhéran.

L’armée israélienne a déclaré mardi avoir mené dans la nuit dans l’ouest de l’Iran « plusieurs frappes de grande envergure » lors desquelles « des dizaines d’infrastructures de stockage et de lancement de missiles sol-sol ont été touchées », tout comme « des lanceurs de missiles sol-air et des sites de stockage de drones ».

Les sirènes d’alerte ont retenti à deux reprises mardi à l’aube dans plusieurs points d’Israël, notamment dans le Nord. Mais dans les deux cas, les habitants ont été autorisés à quitter les abris peu après.

« L’Iran aurait dû signer l’accord »

Dans le même temps, Donald Trump a assuré que son départ anticipé du G7, lundi au Canada, n’avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l’Iran. « C’est beaucoup plus gros que ça », a-t-il dit sans autre précision. « L’Iran aurait dû signer l’“accord” (sur le nucléaire) quand je leur ai dit de signer », a-t-il ajouté.

Donald Trump avait relancé récemment les négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien. La République islamique, qui dément vouloir fabriquer l’arme atomique et défend son droit à enrichir de l’uranium afin de développer un programme nucléaire civil, a affirmé qu’elle ne signerait pas un accord tant que dureraient les attaques israéliennes.

Sans appeler à la fin immédiate des hostilités comme les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, les dirigeants du G7 ont appelé à « protéger les civils », affirmant le droit d’Israël à « se défendre » et qualifiant l’Iran de « principale source d’instabilité et de terrorisme dans la région »« Nous demandons instamment que la résolution de la crise en Iran aboutisse à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza », ont-ils écrit.

Face à cet embrasement, la Chine, via son ambassade, a pressé ses ressortissants de quitter Israël tandis que les États-Unis ont annoncé déployer des « ressources supplémentaires » au Moyen-Orient pour y renforcer leur « dispositif défensif », selon le ministre de la Défense Peter Hegseth.