Liban: les succès tactiques d’Israël sur le terrain insuffisants pour faire plier le Hezbollah
Quarante jours après le début de la guerre ouverte entre le Hezbollah et l’armée israélienne, le 23 septembre, et plus d’un mois après le lancement de l’offensive terrestre contre le Liban, les deux belligérants semblent toujours dans une logique guerrière jusqu’au-boutiste. Lors d’une tournée près de la frontière avec le Liban le 3 novembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a menacé le Hezbollah de « riposte ferme » et a réclamé son retrait jusqu’au nord du fleuve Litani, à 30 kilomètres de la frontière. Le parti chiite a pour sa part publié une vidéo d’une installation souterraine de missiles balistiques avec le slogan : « Nous ne baisserons pas les armes. »
Dans le sud du Liban, après des semaines de combats acharnés sur un front qui s’étend de la Méditerranée aux contreforts du Golan occupé, sur une longueur de 120 kilomètres, la situation est toujours tendue. Les troupes israéliennes sont parvenues à avancer vers des fiefs du Hezbollah dans les secteurs occidental, central et oriental de la frontière, et ont rencontré une résistance acharnée de la part des combattants chiites.
Les soldats israéliens sont entrés dans des quartiers périphériques d’une dizaine de localités frontalières, éloignées entre un et six kilomètres de la ligne bleue, tracée par les Nations unies au lendemain du retrait israélien du Liban, en l’an 2000. Certaines de ces localités sont emblématiques, comme Maroun el-Ras, Kfarkila, Edeissy ou Aïta el-Chaab. Ils ont détruit un certain nombre de postes avancés du Hezbollah, ont saisi des armes et des munitions, et capturé une dizaine de combattants.
Succès insuffisants
Ces succès tactiques relayés à grands renforts d’images par l’armée israélienne sont insuffisants pour faire pencher le rapport de force en faveur d’Israël. Malgré ces avancées, l’armée israélienne n’a réussi à sécuriser aucune localité libanaise ou à occuper durablement une des huit hauteurs stratégiques le long de la frontière.
Les soldats israéliens se heurtent à une forte résistance de la part de la première ligne de défense du Hezbollah, qui continue de tirer tous les jours des dizaines, parfois des centaines de roquettes et de drones sur la Galilée et plus en profondeur en territoire israélien. Toutes les localités israéliennes frontalières, de la Méditerranée au Golan, restent une cible quotidienne des roquettes de courte et de moyenne portée du Hezbollah.
Les troupes israéliennes qui sont entrées au Liban, ainsi que leurs bases-arrière, sont soumises à un pilonnage intense, ce qui les empêche de se fixer durablement sur le terrain conquis. C’est sans doute pour cette raison que l’armée israélienne se livre à un dynamitage systématique de quartiers entiers dans des localités libanaises surplombant la Galilée, avant de s’en retirer.
Samedi 2 novembre, les troupes israéliennes se sont retirées des quartiers Est et Sud de la localité stratégique de Khiyam, dans le secteur oriental, sans être parvenues à entrer dans le centre de cette grande bourgade. La prochaine cible des Israéliens pourrait être, selon des sources informées, la ville emblématique de Bint-Jbeil, dans le secteur central, à cinq kilomètres de la frontière. Bint-Jbeil est emblématique car en 2006, l’armée israélienne y avait subi de lourdes pertes sans parvenir à l’occuper.
À lire aussiLiban: Nabatieh, une ville devenue fantôme après les bombardements israéliens
Nouvelles troupes déployées
Les experts militaires sont presque unanimes sur le fait que la période de flottement et d’incertitude qui a suivi les coups durs reçus par le Hezbollah après la mort de Hassan Nasrallah et de ses principaux commandants militaires à partir de la mi-septembre semble aujourd’hui dépassée. La chaîne de commandement et de contrôle a été restaurée et la coordination entre les trois unités territoriales qui défendent les trois secteurs de la frontière et la force d’élite mobile al-Radwan, semble fonctionner normalement.
Selon nos informations, le Hezbollah a récemment procédé au remplacement par des troupes fraîches d’unités déployées sur le front depuis des mois. Ces renforts ont pu être envoyés après la mise en place d’un nouveau système d’appel de la réserve. Il faut rappeler que la plupart des 3 500 blessés dans l’explosion des bipeurs, le 16 septembre, étaient des réservistes, qui étaient justement mobilisés grâce à ces appareils électroniques de télécommunication.