Guerre Israël-Hezbollah : l’armée israélienne a envahi le sud du Liban
Des chars et des fantassins israéliens ont franchi durant la nuit de lundi à mardi la frontière libanaise. Objectif : éliminer les combattants du Hezbollah retranchés dans les villages situés près de la frontière, à partir desquels ils tirent depuis près d’un an des milliers de roquettes et de drones vers les localités du nord d’Israël. Le porte-parole de l’armée a tenu à préciser qu’il s’agissait d’une offensive « limitée et localisée, qui vise à mettre fin à la menace immédiate pesant sur les localités du nord d’Israël ».
L’opération a été précédée ces derniers jours par d’intenses attaques aériennes, de tirs d’artillerie et de chars. Les responsables israéliens n’ont pas précisé l’ampleur prévue de leur déploiement. Hasard du calendrier : l’attaque s’est produite 18 ans, jour pour jour, après le retrait militaire israélien du sud du Liban, à l’issue d’une guerre menée en 2006 contre le Hezbollah.
Selon les médias israéliens, l’armée libanaise a reculé lundi ses positions, pour éviter des affrontements avec Tsahal. La radio de l’armée israélienne a, pour sa part, précisé que les villages libanais visés par l’offensive ont été d’ores et déjà été vidés de leurs habitants qui ont fui les bombardements israéliens depuis des mois. Seuls des membres de la branche armée du Hezbollah y seraient encore présents, selon cette source.
Réseau de tunnels
Les commentateurs militaires israéliens soulignent que repérer et détruire le réseau de tunnels creusés par la milice libanaise comme postes de commandement, lieux de stockage d’armes et positions de tir pour des lance-roquettes, va constituer le principal défi à relever. En 2018, Tsahal avait détruit six tunnels qui aboutissaient en territoire israélien. La radio militaire n’a pas exclu l’existence d’autres tunnels de ce genre, susceptibles de servir à des infiltrations en territoire israélien.
Par précaution, trois localités israéliennes situées au plus près de la frontière ont été déclarées « zone militaire fermée », c’est-à -dire interdites d’accès après l’évacuation de leurs habitants. « L’opération terrestre va également permettre d’empêcher l’acheminement de renforts de terroristes du Hezbollah vers la région frontalière. Toutes les voitures qui se dirigeront vers ce secteur seront attaquées », a averti un responsable militaire. « Il y a des choses que l’aviation et l’artillerie ne peuvent pas faire, et c’est précisément pour cela que nous avons lancé une opération terrestre, qui ne porte pas sur tout le territoire libanais », a souligné Amir Ohana, le président de la Knesset.
Dans un premier temps, l’incursion israélienne n’a pas empêché mardi le Hezbollah de poursuivre ses tirs de roquettes vers le nord d’Israël. L’aviation israélienne a, elle aussi, continué ses raids et attaqué plusieurs bâtiments à Dahieh, un quartier à majorité chiite de Beyrouth. Ils abritaient des ateliers de fabrication d’armes du Hezbollah. L’armée avait appelé auparavant les habitants vivant à moins de 500 mètres des cibles visées à évacuer les lieux pour leur sécurité.
Légitime défense
Sur le front diplomatique, les Etats-Unis ont apporté leur soutien à l’incursion terrestre. Lloyd Austin, le secrétaire d’Etat américain, a réaffirmé lors d’un entretien téléphonique avec Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, le droit d’Israël à la légitime défense contre le Hezbollah. « Nous sommes d’accord sur la nécessité de démanteler les infrastructures d’attaque le long de la frontière afin de s’assurer que le Hezbollah ne pourra pas lancer d’attaques contre les localités du nord d’Israël », a souligné Lloyd Austin.
Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a fait du retour des 60.000 habitants évacués du nord d’Israël un des objectifs officiels prioritaires de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023.
Avertissement à l’Iran
La grande inconnue porte désormais sur la réaction de l’Iran, qui arme et finance le Hezbollah, à l’invasion israélienne et l’élimination vendredi à Beyrouth de Hassan Nasrallah, le chef de la milice chiite libanaise. Pour tenter de contrer une menace de représailles, les responsables militaires et politiques israéliens ont multiplié les avertissements adressés à Téhéran, en insistant sur le fait que les services de renseignement et l’aviation israélienne « ont les capacités de frapper n’importe où au Moyen-Orient ».
Ils faisaient ainsi une allusion claire à la possibilité de bombarder des ports, des installations nucléaires ou pétrolières. Afin de dissuader les dirigeants iraniens de se venger, Lloyd Austin a évoqué les « conséquences sérieuses » auxquelles s’exposerait l’Iran au cas où ce pays déciderait d’attaquer Israël, alors que les forces américaines déployées dans la région ont reçu des renforts ces derniers jours.
Pascal Brunel (Correspondant à Tel-Aviv)
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